Conditions : mardi 9 octobre,
21h15 à 2 heures, température 18,5°, humidité 85%. Tube : Dobson
305.
Préambule : ce
fut une soirée extraordinaire, la septième sortie du Dobson depuis
mi-septembre mais la plus belle, avec un ciel très beau : je voyais
la voie lactée avec beaucoup de nuances, M 31 et le double amas de
Persée parfaitement à l'oeil nu. C'est donc motivé que j'ai sorti
Dob des bras de Morphée (il dort la journée lui...) pour le sortir
un peu. Nous étions prêts pour attaquer une grande randonnée aux
abords de Cassiopée et, si le coeur y était, pourquoi pas ailleurs.
Là, il me faut absolument dire du bien de Mister Dob, et de tous ses
compères : quel plaisir de se frotter à une carte du ciel et
d'arpenter les millions d'étoiles, de se perdre, de rebrousser
chemin, de prendre l'autre embranchement, de retomber sur le bon
caïrn, les bonnes marques, de reconnaître les descriptions d'amas
que l'on a sous les yeux, de scruter le moindre coin du ciel,
heureux, et de repartir après avoir vidé sa gourde. Je pense
vraiment que je n'aurais pas ce plaisir avec un tout-informatique qui
me pointerait le tele directement sur l'objet. Ce soir-là, j'ai
manqué trois objets que je m'étais fixés, et j'en suis presque
content, car je reviendrai, je retenterai ma chance, j'essayerai de
ne pas me perdre et de mieux regarder. C'est cette liberté
d'arpenter le ciel qui donne tout son charme à Mister Dob...
Randonnée :
J'avais prévu beaucoup
d'eau et plusieurs barres de céréales pour moi, des oculaires de
rechange pour Mister Dob, car la promenade promettait beaucoup sur le
papier.
Direction Cassiopée,
la méchante reine d'Egypte qui exposa sa fille Andromède au monstre
marin que tuera Persée... tout ce beau monde se cotoie pour
l'éternité dans notre ciel boréal.
à partir de delta
(Ruchbar)
- M 103, un amas ouvert de 22 millions d'années, comprenant une quarantaine d'étoiles, facilement trouvé. On le reconnaît immédiatement à sa forme triangulaire et une étoile centrale très brillante. Une petite mise en jambe facile !
- N 663, très bel amas dans le même champ que 654 : plus de 400 étoiles pour se perdre avec délectation ! Une très belle vision, un chouette coin pour pique-niquer mais c'est pas encore l'heure de sortir le saucisson (corse).
- N 654, tout petit, peu étendu, à peine 50 étoiles et 15 millions d'années tout de même ! Le vision décalée le fait sauter aux yeux.
- N 659, dans le même secteur, impossible de se perdre, faut suivre les caïrns, un autre petit amas d'une quarantaine d'astres ! Elle est bien riche cette région de Cassiopée !
- Trumpler 1 : je ne l'avais pas vu lors de la précédente sortie, ne sachant pas à quoi m'attendre, et là, effectivement, il est facile à voir, avec sa « barre » de cinq étoiles très serrées.
- N 457, une des plus belles surprises de la soirée, le fameux amas E.T. ou de la chouette est un objet incroyable ! La double étoile phi forme les deux yeux brillants (mais ne font pas partie de l'amas) et les 150 étoiles scintillent de tous feux. A voir et revoir sans modération...
- N 436, chouette petit amas bien concentré, près de N 457 et d'un alignement de trois étoiles.
- N 433, minuscule amas visible en vision décalée mais pas franchement extra.
à partir de Beta
(Caph)
- N 7789 : la fameuse rose de Caroline, que j'avais manquée l'autre soir (c'est ça quand on ne prépare pas ses obs), magique ! Mister Dob en rougit tant il souhaiterait la même pour une éventuelle Miss Dobette ! Plus de 1000 étoiles et plus de 1,5 milliard d'années ! Une vénérable plante dont je perçois bien les petites spirales sombres qui lui ont donné son nom. Là, c'est décidé, on se mange une barre de céréales, histoire de relacer les chaussures et de revisser l'oculaire.
à partir du double
amas de Persée
- Stock 2, un fourmillement d'étoiles évident, très étendu, le ciel est piqué d'astres, très très belle halte.
- Melotte 15 est un amas associé à la nébuleuse IC 1805, quant à elle invisible pour moi, sans filtre. Est-ce que ça vaut le coup avec un filtre d'ailleurs, je pose la question aux nombreux astrams ? Sans la nébuleuse, Melotte 15 reste un objet décevant et pauvre en astres.
- N 1027 se repère plutôt bien, même si avec Mister Dob on a du chercher un peu, car l'amas ne se détache pas très bien du fond. Rectangulaire, il possède au centre une étoile bien brillante qui forme le sommet d'un triangle isocèle : quand on l'a dans l'oculaire, on ne peut se tromper, mais c'est pas non plus le GR 20 bien balisé, faut chercher les cairns, il ne faut pas de brouillard...
- IC 1848, repérer trois étoiles serrées en angle droit puis groupe assez lâche de plusieurs étoiles. Là encore pas un amas extraordinaire car associé à une nébuleuse, mais sans la nébuleuse...
- Collinder 33 et 34, vaste double amas collés l'un l'autre, 150 étoiles en tout éparpillées dans un vaste champ. On fait une pause, on grignote quelques chips en admirant la Terre, on voit au loin le double amas de Persée, et, carte et boussole en main, gourde entamée, nous visons :
- Trumpler 3, un petit amas assez facile à trouver.
à partir d'Epsilon
(Seguin)
- N 637, petit amas de 25 étoiles avec 4 ou 5 étoiles très proches non loin d'une double.
- N 559, pas évident évident, on a mis du temps avec Mister Dob, on a douté, on a fait marche arrière, on est revenu à Epsilon avant de repartir encore plus déterminés, on a repris un autre chemin après le champ aux coquelicots et après la fouche du vieil Arbre, et, à bout de souffle, nous l'avons vu, cet amas, près d'un arc de plusieurs étoiles.
- Iota, une étoile multiple avec trois composantes, mais Dob n'a pas bien bossé et j'en ai vus que deux, la principale de 4ème magnitude et un compagnon tout proche de 7ème magnitude.
- Stock 5 : quatre grandes étoiles forment un trapèze contenant trois plus faibles à l'intérieur.
- Stock 6 : une vaste ligne brisée rend cet amas évident.
- Collinder 463, facile à trouver aussi et très étendu, avec un trapère très brillant.
à partir d'alpha
(Schedir)
Ouf ! C'est pas tout ça,
mais le temps file, c'est dingue ce qu'on ne voit rien passer quand
on a les yeux là-haut ! En même temps, parler en heures n'a pas de
sens lorsque l'on observe des objets situés à des millions d'AL...
Pause casse-croûte, Mister Dob a déjà pas mal avalé de photons
mais semble tenir le choc, c'est une bête de course, un aventurier,
un roi de l'orientation, il en redemande.
Alors on replonge, un
petit coup encore dans Cassiopée, tandis que d'autres constellations
que je ne connais pas se lèvent à l'est. Ce sera pour tout à
l'heure...
- alpha (Shedir), double optique avec un petit compagnon, belle couleur orange, ça vaut le coup d'oeil !
- Êta (Achird), très belle double avec rouge pour la principale (3,4 mg) et rouge pour compagnon (7,5 mg)
- N 185, une galaxie naine sphérique, satellite de l'immense M 31 d'Andromède, avec laquelle elle partage peut-être un même mouvement gravitationnel. A l'oculaire, ça donne une tache floue, non résolue pour moi !
- N 147, de magnitude 10,5, est presque dans le même champ, elle aussi compagnon de M31, mais alors là... comment dire ? Même en vision décalée, c'était TRES TRES faible et presque comme une illusion...
- N 278, la troisième des galaxies du secteur, que l'on voit comme une minuscule tache, mais le sentiment est tellement incroyable d'observe un objet situé à 38 millions d'AL !!
Voilà, il est minuit, 2
heures 30 en compagnie de la Reine d'Egypte, avec juste un petit
morceau exploré, je me réserve les environs de beta et gamma pour
un autre jour. Le ciel est si beau que nous décidons (Mister Dob est
toujours partant) de nous promener encore deux heures au hasard des
constellations cette fois-ci, le PSA ouvert. D'errer, telles deux
âmes en peine, dans les mondes infinis des cieux. Une envie si forte
d'observer, d'observer, encore observer. Je me rends compte de la
vitesse à laquelle le ciel bouge, Jupiter est déjà bien montée,
les Pléïades aussi, maintenant les Hyades et bientôt... Orion !
Allez, j'en veux encore !
Andromède
- M 31, M 32 et M 110 : très bien vu ce soir, immense dans l'oculaire, et M 32 / 110 sur le bord
Pisces
- M 74, une autre galaxie que je vais distinguer comme une tache diffuse et non résolue.
Taurus
- M 1, la fameuse nébuleuse du Crabe, grande, évidente, mais absolument non résolue. Comment peut-on la voir dans un 300mm ? Est-il vain d'espérer deviner sa structure filamenteuse ? Je n'en ai aucune idée, Mister Dob me raconte qu'il l'a déjà super bien vue, mais il n'a pas un oeil humain, je suis jaloux...
Auriga
- M 36, chouette amas ouvert, très beau, très fourni, étendu, je ne regrette pas d'avoir jeté un coup d'oculaire dans ce coin, d'autant que d'autres amas me tendent leur gaz.
- M 37, formidable et je pèse mes mots ! À en avaler ses chipters de travers... Plus de 500 étoiles et 450 millions d'années qui vous contemplent, c'est dire si c'est un bon cru, ce 37 ! Nous restons un bon bout de temps à admirer ce coin du ciel !
- M 38, non loin (c'est riche la région, le loyer doit peser son lot de cacahuètes...), est un peu plus petit mais très chouette également.
- N 1907 est beaucoup plus discret, lui, mais sa vingtaine d'étoiles vient de souffler les 500 M d'années la semaine dernière...
- Collinder 62 vaut aussi le coup d'oeil, très étendu et assez brillant.
Il va falloir qu'on
revienne avec Dob dans cette constellation, nous avons été
superbement accueilis. La fatigue commence à se faire sentir, les
mollets sont lourds, j'ignore le total du dénivellé mais ça doit
se compter en centaines de millions d'années lumière... Dob
commence à fermer un oculaire mais je le connais, il en a encore
sous le socle !
Gemini
- M 35, est un bel amas ouvert assez concentré, riche de 450 étoiles et parfaitement résolu dans un 300mm.
- N 2158, beaucoup plus discret, est dans le même champ que son grand frère. Et pourtant, s'il m'est apparu comme une petite tache, c'est que je n'ai pas assez grossi, car c'est un monstre, à la limite de l'amas globulaire ! Ses petits photons ont voyagé 11 000 AL et il a commencé sa vie il y a un milliards d'années ! De quoi imposer le respect... Il faudra revenir.
Persée
- N 1245, ça ne vaut pas le double amas mais tout de même, il faut se déplacer pour cet ensemble de plus de cent étoiles, très bien résolu dans Mister Dob.
Orion
Alors
voilà, le but non avoué de cette longue soirée d'observations,
c'était bien Orion. A mes yeux une des plus belles constellations,
je ne connaissais d'elle que sa fameuse nébuleuse observée aux
jumelles, donc jamais plus extraordinaire qu'une nébuleuse observée
aux jumelles... Il a fière allure, ce chasseur tué par Artémis et
envoyé au Ciel en compagnie de ses deux chiens, dont Sirius et
Procyon sont les deux stars... J'ai attendu qu'elle monte,
merveilleuse, immense, Betelgeuse, puis Bellatrix, puis la ceinture,
le poignard, Saiph et enfin Rigel. Un grand moment ; et quand Orion
s'est suffisamment élevé, je colle l'oeil à Mister Dobson...
-
M 42 , bon ça va
paraître basique, mais que c'est beau ! La nébuleuse d'un vert
magnifique prend tout le champ, on distingue beaucoup de détails, et
le fameux Trapèze lové au coeur de tout ce gaz. M 43
est juste à côté et renforce encore le côté impressionniste d'un
ensemble que n'aurait pas renié Monet. Au passage, coup d'oeil sur
les amas Cr 69,
vaste, et N 1981,
dans le même champ. Quelle claque, j'ai bien fait d'attendre sous ce
ciel formidable.
Epilogue : voyager
à dos de Dobson, quel pied ! Quelle joie de trouver seul, avec sa
carte du ciel, les objets tant désirés, repérés au préalable.
Merci à tous les astrams qui nous ont lus jusque là, je trouve ça
formateur de s'efforcer à relater précisément les observations, et
instructif, car on apprend encore mieux à situer les objets. Quant à
Mister Dob, il ronfle depuis deux jours, désireux de reprendre des
forces pour notre prochaine escapade nocturne.
Prêts à relacer les
chaussures ?
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