mercredi 17 septembre 2014

CROA 13 octobre 2012

De Cassiopée à Céphée, avec un Mister Dob malade !

samedi 13 octobre, 21h15 – T° 18° - humid. 90%


préambule :

90% d'humidité en début d'observation, ça fait environ, si mes souvenirs matheux sont bons, 10 % de non humide...c'est toujours 10% me direz-vous, mais ça ne fait jamais que 10 % ! Néanmoins l'envie de sortir Mister Dob est la plus forte et surtout, c'est samedi, et on peut dormir un peu plus longtemps le lendemain, non ? (je remarque surtout que les nuits favorables sont, pour l'instant, toujours en milieu de semaine, provocation ou non ?). Très vite cependant, de nombreuses gouttelettes perlent sur Dob, a-t-il déjà chaud ? Une petite grippe ? Une conjonctivite à l'oculaire droit ? Le stress de me décevoir, de ne pas me trouver des amas ouverts assez faibles dans Cassiopée ? Peut-être un peu de tout, certainement pas l'humidité en tout cas, avec 10% de sécheresse, j'évacue immédiatement cette hypothétique hypothèse...



Cassiopée, depuis Beta (Caiph) : la grande banlieue

Nous décidons de poursuivre notre découverte approfondie de Cassiopée, pour la troisième fois d'affilée, en nous concentrant sur la banlieue de Caiph, agréable métropole moderne ne lésinant pas sur l'éclairage public. Les habitants ont depuis longtemps déserté le centre pour s'intaller dans de cossus pavillons, créant ainsi cinq amas ouverts alignés sur la même autoroute céleste. Bon, rien de poétique pour le choix des noms, les autorités ont opté pour du fonctionnel afin d'aider le facteur : Berkeley 58, N 7790, N7788, Harvard 21 et King 12.

  • Berkeley 58 est la première ville envenant de Caiph, on la rejoint aisément, mais de nuit, c'est assez mal éclairé et plutôt sombre. L'ensemble de l'amas, quelques dizaines d'étoiles, est entièrement habité par des étudiants californiens, très sérieux, et même si leur devise est Fiat lux, on ne peut pas dire que leur cité soit très lumineuse. C'est tamisé dirons-nous, juste assez pour leur permettre d'étudier dans de bonnes conditions.
  • N 7790 est plus vaste, à quelques pas de la cité universitaire, en reprenant l'autoroute (péage exorbitant). Beaucoup plus lumineux, il est visible de loin avec son côté ouest formant un bel arrondi d'astres. C'est un ensemble de beaux pavillons, certains récents, marque de familles aisées.
  • N 7788 est la ville suivante, encore dans le même axe. Moins « tape à l'oeil » que sa voisine, elle n'en constitue pas moins une halte agréable à l'ombre de ses dizaines d'étoiles.
  • Harvard 21, au centre d'un losange, est le pendant de Berkeley, l'autre cité universitaire, cosmologiquement réputée, à tel point qu'elle accueille même des étudiants de l'amas d'Hercule ou du Centaure, qui ont payé cher pour venir ici ! Entre Berkeley et Harvard, les dissenssions et autres rivalités intestines sont légendaires, et heureusement qu'elle sont séparées par deux villes, tampon naturel. En tout cas, un lieu intéressant, grouillant de livres et de grimoires.
  • King 12, le dernier sur la route, repaire des Rois et princes, des nantis et hauts-placés, dans de cossus logements aux murs damassés. Un rêve inaccessible, aux loyers démesurés.

-------

Petite pause, avec Dob on revient sur Terre. Un hibou petit-duc lance à intervalles régulier son cri strident. Il est réglé comme un pulsar ! Dob a l'épiderme trempé, je ne sais vraiment pas ce qu'il a. Je sens que la soirée d'observations sera moins longue que prévu. Il me faut même le convaincre de poursuivre vers Céphée, un comble, lui, l'aventurier téméraire jamais fatigué. Il couve vraiment quelque chose. C'est une évidence.
Céphée, roi d'Egypte et époux de Cassiopée, c'est le père de la belle Andromède. Grande maison dans le Ciel, non loin de Polaris, elle abrite plusieurs amas mais aussi des étoiles incroyables, et ultra-massives ! Alors avec Dob, on décide de commencer par ces reines éthérées, et trois plus particulièrement : alpha, delta et mu.

  • alpha (Alderamin) a fière allure, brûlant son hydrogène à toute vitesse. Elle nous donne le tournis avec Dob, car en moins de 12 heures, elle a fait un tour sur elle-même ! C'est amusant en même temps de voir défiler l'espace, assis sur la toupie sidérale, et de se surprendre à identifier les astres. Mais nous n'avons même pas vu le Soleil !
  • Delta, la célèbre variable qui a donné son nom à toute une faune d'étoiles, est accueillante mais trop imprévisible ! Madame ne connait pas la stabilité : vas-y que je brille pour épater les voisins, oh et puis non, je ralentis ma combustion nucléaire, quoique... allez, un petit coup de magnitude 3, oh non 4... Du coup, avec Dob, on est reparti en saluant bien notre hôte.
  • Mu (Garnet Star) : alors là nous sommes restés bouche et oculaire grand ouverts ! Une couleur rouge incroyable, combustion du carbone oblige, et surtout une taille ! C'est bien simple, Mister Dob a cru à une blague... 25 000 fois plus large que notre Soleil, on peut dire que la Garnet ne connait pas le régime ! Madame ne connait pas non plus les économies d'énergie, inondant de photons les alentours en brûlant 300 000 fois plus de matière que notre étoile ! Impensable. Autre anecdote dont elle se vante : en prenant la place du Soleil, son diamètre dépasserait l'orbite de Saturne... Si il y a bien un truc que Mu ne connait pas, c'est la modestie, nous préférons prendre congé, toujours poliment.

Et sinon, niveau agglomérations ? Et bien Céphée ne connait pas la crise, beaucoup d'investisseurs ont choisi cette vaste demeure, et même si on en trouve moins que chez sa femme Cassiopée, les amas ouverts sont nombreux.

  • N 188 est certainement le plus fascinant, non par sa beauté, car il faut bien l'avouer, nous avons du nous concentrer pour repérer le fourmillement de petits points diffus et bien peu lumineux, au-delà de la dixième magnitude... Mais par son histoire ! Car N 188 peut en raconter des anecdotes célestes, il en a connu des mariages, des divorces, des explosions et autres ragots de voisinage. Tandis que la majorité des amas ouverts ont quelques dizaines de millions d'années, lui aurait 1,5 milliards de printemps, un record cosmologique pour un tel objet ! Et contrairement à la Garnet, il ne s'en vante pas.
  • N 6939 et N 6946 : dans l'alignement de deux étoiles brillantes, un bel amas parfaitement résolu jouxte une galaxie faible, trop faible pour un Mister Dob poussif et malade. Surnommée galaxie du feu d'artifice, elle n'aura été pour moi qu'un pétard mouillé, un nuage blanchâtre, une traînée de poudre. Un mirage.
  • N 7160 nous a séduits, une belle bouffée de grand bleu, un petit Dauphin très lumineux qui bondit parmi les étoiles, peu étendu, mais agréable. Propriétaire sympa, propre, à conseiller. Loyer un peu moins cher que dans Cassiopée (les femmes ! Elle s'y connaissent mieux en argent que les hommes !)
  • N 7235, pour finir, entre dzeta et epsilon, belle cité de forme triangulaire, brillante, non loin à vol de photon de la trépidante Garnet, ce qui est peut-être le souci de 7235 : certains locataires se sont plaint de pollution lumineuse. L'ogresse est décidément intenable.

A 23 heures, Mister Dob n'en peut plus, il dégouline. Pourtant, 6% de sécheresse ! Il exagère ! Espérant profiter dans quelques jours, vers la nouvelle lune, d'un ciel clair, je ne le pousse pas dans ses derniers retranchements de peur qu'il ne s'enrhume.
Un dernier coup d'oeil par-dessus l'épaule, les cirrus envahissent le ciel.

Et la Garnet de continuer son bal endiablé...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire